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Les "Indes dansantes"

Créée en 1735, Les Indes Galantes est certainement l'oeuvre scénique la plus connue de Jean-Philippe Rameau.

C'est aussi un des sommets d'un genre très en vogue en cette première moitié de

18e siècle : la Comédie-Ballet.

« ... les symphonies entremêlées des airs chantans, ariettes, récitatifs mesurés, duos, trios, quatuors

et choeurs, tant du prologue, que des trois premières entrées, qui font en tout plus de quatre-vingts

morceaux détachés, dont j'ai formé quatre grands concerts en différents tons : les symphonies y

sont même ordonnées en pièces de clavecin, et les agrémens y sont conformes à ceux de mes autres

pièces de clavecin, sans que cela puisse empêcher de les jouer sur d'autres instrumens puisqu'il n'y

a qu'à y prendre toujours les plus hautes notes pour le dessus, et les plus basses pour la basse. Ce

qui s'y trouvera trop haut pour le violoncello pourra y être porté une octave plus bas. Comme on n'a

point encore entendu la nouvelle entrée des Sauvages que j'ajoute ici aux trois premières je me suis

hasardé de la donner complette. Heureux si le succès répond à mes soins ! »

Jean-Philippe Rameau, Avertissement des Indes Galantes

Et le succès fut bien au rendez- vous. Sept parodies des Indes galantes furent représentées à

l'Opéra-Comique et à la Comédie-Italienne: Les Indes chantantes, les Indes dansantes, les Amours

des Indes... Il est vrai que l'intrigue, la psychologie des personnages s'effacent devant le faste

de productions somptueuses où décors, costumes et machineries servent d'écrin magnifique à la

danse. Les quatre entrées dansées : Le Turc généreux, Les Incas du Pérou, Les fleurs, Les Sauvages

proposent au spectateur une succession de tableaux exotiques sans rechercher de réelle cohérence

dramatique. Tambourins, gavottes, menuets et chaconne se succèdent dans une écriture orchestrale

virtuose et riche en couleurs.

Renouant avec cette liberté toute baroque de se saisir d'une partition pour tel ou tel effectif,

d'adapter une oeuvre pour une circonstance particulière, l'Académie baroque d'Ambronay a proposé

à Hervé Niquet de concevoir une trame haute en couleur à partir des entrées des Indes Galantes pour

réaliser nos propres « Indes dansantes » de ce début du xxie siècle. Un fin équilibre entre la partition

d'origine aux timbres exquis et l'intégration de pages vocales et chorales dans des transcriptions

instrumentales que la direction d'Hervé Niquet, spécialiste de la musique française, est à même de

sublimer. Une démarche artistique, musicale, impertinente et soucieuse de musicologie à la fois, qui

trouve son pendant dans l'écriture chorégraphique de Nathalie Pernette.

Modifié le mercredi 21 octobre 2009